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M. Ouzzine appelle à la mise en œuvre et l’opérationnalisation de l’officialisation de la langue amazighe, M. Laenser souligne que cette officialisation est corrélée au développement et M. El Othmani promet d’appliquer les lois organiques y afférentes

Une élite de politiques, d’universitaires et de journalistes a critiqué, samedi dernier à Salé, le retard accusé par le gouvernement en matière d’adoption des deux projets de lois organiques relatives respectivement à la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe et à la définition des modalités de son intégration dans l’enseignement et dans les domaines prioritaires de la vie publique, et au Conseil national des langues et de la culture marocaines.

Les intervenants, qui ont été unanimes à souligner qu’en dépit de l’officialisation de la langue amazighe dans la Constitution de 2011, l’adoption de la loi organique prévue par l’article 5 de cette constitution, qui stipule que « l’amazighe constitue une langue officielle de l’Etat, en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception. Une loi organique définit le processus de mise en œuvre du caractère officiel de cette langue, ainsi que les modalités de son intégration dans l’enseignement et dans les domaines prioritaires de la vie publique et ce, afin de lui permettre de remplir à terme sa fonction de langue officielle », n’a pas été encore concrétisée, malgré l’écoulement de six ans après l’adoption de la Constitution par les Marocains.
Dans ce sens, les intervenants ont plaidé, lors de la 9ème session de l’Université Populaire, en faveur de l’association des différents acteurs amazighs avant l’adoption des deux projets de lois organiques susmentionnées.
Dans ce contexte, M. Mohamed Ouzzine, Coordinateur de l’Université Populaire du parti du Mouvement Populaire, a appelé les différents acteurs à protéger le processus d’édification démocratique à travers la mise en œuvre et l’opérationnalisation de l’officialisation de la langue amazighe.
Intervenant à l’ouverture des travaux de la 9ème session de l’Université Populaire, qui a été consacrée au thème « Le patrimoine culturel et linguistique commun : un pont de communication entre les générations », M. Ouzzine a affirmé que la langue et la culture en général ont un rôle majeur dans le renforcement des valeurs de citoyenneté, de dialogue culturel et de compréhension mutuelle, outre le fait qu’elles constituent également un obstacle infranchissable devant toutes les formes d’extrémisme et de cloisonnement sur soi.
Le Coordinateur de l’Université Populaire a indiqué, par ailleurs, que la promotion des droits culturels et linguistiques ne concerne pas uniquement les amazighophones, mais concerne tous les Marocains, parce qu’elle est à l’origine une question essentiellement civilisationnelle qui interpelle les différentes consciences nationales vivantes.
M. Ouzzine a ajouté que l’observateur averti de l’histoire du Maroc, marquée du sceau de la pluralité linguistique et culturelle, découvrira que la langue et la culture ont joué un rôle important dans la promotion des valeurs de citoyenneté, de dialogue, de compréhension mutuelle et de coexistence.
Pour sa part, M. Mohand Laenser, Secrétaire général du parti du Mouvement Populaire, a mis l’accent sur la nécessité d’associer tous les acteurs dans la formulation et la discussion des projets de lois qui concernent la langue amazighe en tant que patrimoine commun à tous les Marocains, comme cela a été stipulé dans la Constitution de 2011.
M. Laenser a rappelé, à cet égard, l’engagement du parti du Mouvement Populaire depuis sa création en faveur de la langue et de la culture amazighes et son plaidoyer pour l’accélération de l’adoption des projets de lois organiques y afférentes.
M. Laenser a souligné, dans ce sens, que les défenseurs de la présence de la langue et la culture amazighes ne peuvent pas être considérés comme des militants visant la division du pays, affirmant à cet égard « certains attribue la revendication du renforcement de la présence des affluents linguistiques et culturels, tels que les affluents amazigh et hassani, à une volonté de diviser le pays. Ce n’est pas vrai. Bien au contraire, cette diversité et ce pluralisme renforcent l’unité nationale et le sentiment d’appartenance à la patrie ».
Après avoir établi une corrélation entre le développement et l’enseignement de la langue amazighe, qui est désormais une langue officielle aux côtés de la langue arabe en vertu de la Constitution de 2011, M. Laenser s’est interrogé « comment peut-on apprendre aux petits agriculteurs dans les villages comment utiliser les engrais s’ils ne savent même pas lire, et de surcroît dans leur langue maternelle ? ».
De son côté, M. Saâd Eddine El Otmani, le Chef du gouvernement, a promis d’appliquer le projet de loi organique relative à la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe, affirmant dans ce sens « nous œuvrerons à l’application de ce projet de loi organique le plus tôt possible après son approbation par le Parlement et l’association des acteurs associatifs concernés par la chose amazighe ».
M. El Otmani, qui a évoqué à l’effort déployé par le gouvernement pour promouvoir la langue amazighe, a également promis d’associer les associations concernées dans l’élaboration et l’adoption d’un projet de loi organique acceptée par tout le monde.
Il a critiqué, par ailleurs, ceux qu’il a qualifiés de « diffuseurs du désespoir », affirmant à cet égard « ceux qui veulent critiquer le gouvernement sont les bienvenus, mais il ne faudrait pas nier pour autant qu’il y a des points positifs et de bonnes choses qui sont à reconnaître. Il ne faudrait pas dire que le Maroc a échoué et que la corruption y règne. Ce n’est pas vrai. Des gens honorables œuvrent en faveur et au service. Il faudrait diffuser l’esprit de l’espoir plutôt que de répandre la culture du désespoir ».
Par ailleurs, les autres interventions ont mis en exergue certains acquis importants réalisés en matière de promotion de la culture et de la langue amazighes au Maroc, surtout après la consécration de la langue amazighe en tant que langue officielle à côté de la langue arabe dans la Constitution de 2011.
Toutefois, cette officialisation constitutionnelle de la langue amazighe a été estimée insuffisante par s’autres interventions, qui ont été unanimes à souligner que le chemin est encore long, notamment pour rattraper le retard accusé dans l’adoption des deux projets de lois organiques, relatives respectivement à la mise en œuvre du caractère officielle de la langue amazighe et au Conseil des langues et de la culture marocaine et ce, de manière consensuelle avec les différents acteurs concernés.
Il est à signaler que la 9ème session de l’Université Populaire, qui constitue un rendez-vous annuel pour débattre de plusieurs questions sociétales, s’est articulé autour de la discussion de plusieurs thématiques, à savoir notamment « Le rôle de l’université et de l’école dans la promotion des droits culturels et linguistiques », « Le rôle du pluralisme culturel et linguistique dans l’unification des composantes de la société marocaine », « Le rôle des sites des réseaux sociaux dans l’influence de l’opinion publique » et « L’identité marocaine et la mondialisation ».

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