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Formation du nouveau gouvernement : blocages et interprétations

Cela fait deux mois que les élections législatives ont eu lieu et que le Maroc attend la formation de son nouveau gouvernement. La coalition sortante ayant obtenu la majorité et le chef de gouvernement ayant été reconduit, les choses auraient dû se passer rapidement et prendre l’allure d’un remaniement du gouvernement plus que celle d’une nouvelle formation. Le chef du gouvernement désigné en a décidé autrement et a choisi l’option de remanier la coalition et non le gouvernement. C’est un choix de Mr Abdelilah Benkirane et il en assume la responsabilité ! Ce choix qui semble dicté par la préférence marquée par Mr Benkirane pour les partis de l’ex-koutla, notamment le PPS et le PI, ennemi-ami, ne rencontre pas la pleine adhésion des autres partis susceptibles de «compléter» la majorité au Parlement. Chacun des deux camps maintenant ses positions, la formation du gouvernement Benkirane 2 (ou 3, c’est selon) est bloquée et la crise politique n’est pas loin. Chaque camp rejette la responsabilité de cette situation sur l’autre et les amis du chef de gouvernement n’hésitent pas à accuser les partis ayant marqué leur réticence à venir compléter le trio PJD-PI-PPS de violation de la Constitution, d’atteinte à la démocratie et de je ne sais quoi encore ! Cette accusation est suffisamment grave pour qu’on s’y attarde et qu’on en examine le bien-fondé.

Les élections s’étant déroulées dans des conditions que tout le monde a considérées normales et dans les délais impartis, c’est-à-dire avant la fin de la législature 2011-2016, le Chef de l’État ayant chargé le chef de gouvernement issu de la formation politique arrivée en tête de former un gouvernement, les dispositions constitutionnelles ont été respectées à la lettre. S’agissant de la formation d’une coalition majoritaire pour gouverner, aucune disposition constitutionnelle ne fait obligation aux partis politiques de répondre favorablement à l’invitation du chef de gouvernement de faire partie de cette coalition, tout comme rien n’impose à ce dernier d’accéder au vœu de tout parti candidat à la participation. C’est la capacité et l’habileté de négocier du chef de gouvernement qui peuvent lui assurer cette majorité. À partir de cette évidence, c’est à Mr AbdelilahBenkirane de trouver, parmi les 7 partis les plus représentatifs au Parlement, la combinaison cohérente et admise par tous qui lui assure la majorité et la possibilité de gouverner.
Malheureusement, le chef de gouvernement désigné a pris une toute autre direction, en cherchant à imposer un duo auquel il tient et en exigeant des autres de venir compléter l’addition de façon purement arithmétique ! Si on peut comprendre les préférences et souhaits du chef de gouvernement, on ne peut ignorer la dure loi de la politique qui est l’art du possible et non du souhaitable. La logique dans laquelle s’est empêtré le chef de gouvernement ne peut conduire qu’au blocage et à la crise, car elle fait fi des principes de cohérence, d’homogénéité et de confiance qui doivent être le socle de toute coalition efficace et efficiente. Certes, et contrairement à ce que prétendent certains, nous ne sommes pas encore au stade de la crise politique et le délai que prennent les négociations est encore acceptable, au regard des expériences passées du Maroc et d’autres pays voisins. Mais le chef de gouvernement doit prendre l’initiative et explorer d’autres pistes encore à sa portée.
Alors, au lieu de nous lancer dans des interprétations hasardeuses des dispositions de la Constitution sur la possibilité de changer de chef de gouvernement ou de dissoudre un Parlement qui n’a pas encore démarré, commençons par examiner les solutions de bon sens. L’une de ces solutions, et la plus simple, c’est de rechercher le point (ou le parti) d’achoppement.
Et quelles que soient nos amitiés et sympathies pour tel ou tel parti, elles ne peuvent justifier la prise en otage de l’avenir du pays et de ses intérêts. C’est au chef de gouvernement ou au parti concerné, lui-même, de débloquer la situation, car le blocage n’est pas du côté de ceux qui réclament cohérence, confiance et efficacité !

Mohand Laenser
Secrétaire général du Mouvement Populaire

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